Dominique Schelcher est un chef d’entreprise français, PDG de la Coopérative U depuis 2018. Il rejoint l’enseigne en 1998 et évolue à divers postes de direction avant de prendre la tête du groupement qui compte 1200 associés, 1730 magasins et 73000 collaborateurs.  En 2024, il annonce un plan ambitieux visant 15 % de parts de marché d’ici 2030.

Je fais partie des plus de 150 000 personnes qui le suivent sur Linkedin où il se présente de cette façon : « Entrepreneur indépendant attaché à ma liberté avant tout, mon implication dans le groupement Coopérative U m’a conduit à différentes responsabilités jusqu’à devenir aujourd’hui président. J’aime cette double dimension de mon métier : être au contact de mes clients et des produits d’un côté, participer activement aux projets de l’enseigne de l’autre. Ainsi les décisions stratégiques sont prises sans jamais perdre de vue le terrain. Rien ne serait possible sans les équipes que j’ai grand plaisir à manager et à animer. Mon intérêt pour la presse, mon premier métier, ne m’a jamais quitté. Je suis curieux de la marche du monde, de ses intenses transformations actuelles, des mutations qui touchent l’entreprise. »

Il vient de publier Le bonheur est dans l’action, aux Editions de l’aube.

Présentation du livre par l’éditeur :

Agenda-Changement-Discipline-Escalier social… Voilà un échantillon des mots présents dans cet abécédaire inédit, conçu par un entrepreneur engagé et enthousiaste à l’idée de partager son expérience avec les lecteurs intéressés par le monde de l’entreprise. Cet objet amusant et sérieux à la fois compile, à travers ces mots communs et/ou spécifiques, des situations et des réflexions appartenant au monde du management. Quelles sont les difficultés par lesquelles le dirigeant doit inévitablement ­passer ? Quelles sont les « bonnes pratiques » à mettre en place ? Comment ne pas tomber dans certains pièges ? Un véritable guide pratique dans une forme ludique et maligne pour s’imprégner du monde de l’entreprise : une sorte de « système D pour l’action » !

Pourquoi lire le livre Le bonheur est dans l’action de Dominique Schelcher ?

  • Parce qu’il est facile à lire. Argument massif quand on pense au temps dévolu de nos jours à la lecture d’un livre, l’ouvrage est un abécédaire, autrement dit à feuilleter et à découvrir l’esprit léger sans concentration nécessaire sur la durée. L’auteur le dit lui-même dans l’introduction : « Livre ? Peut-être un grand mot ». J’aime les abécédaires, les livres de liste et j’aime rappeler que c’était la passion d’Umberto Eco pour qui les listes ne sont pas seulement des outils utilitaires, mais aussi des moyens d’exprimer notre rapport au monde (je vous invite à lire à ce propos son livre Le vertige de la liste). Dominique Schelcher justifie son choix et décrit son livre comme un « petit abécédaire pour l’homme d’action du début du XXIè siècle. » et il se qualifie lui-même de « listeur infatigable » !
  • Parce qu’il change des livres classiques de dirigeants. J’ai une belle collection de livres signés de grands patrons ou de grandes patronnes écrits par des consultants faisant office de prête-plumes zélés enchainant les propos lénifiants. Je me suis bien gardé d’en faire la chronique par peur d’en dire du mal. Ce sont des livres pour paraître plus intelligent et l’auteur du bonheur est dans l’action, veut simplement partager ses convictions et ses réflexions, ses découvertes avec une forme d’humilité qui lui ressemble, loin de ces ouvrages assommants et prétentieux. S’il n’évoque pas son chemin personnel à la manière de l’excellent L’entreprise, une affaire de cœur d’Hubert Joly, s’il ne détaille pas une méthode à la façon de Frédéric Mazzella dans Mission Blablacar,  il nous donne quelques clés sur son style de management et sa vision du monde. Dominique Schelcher n’a pas peur de faire simple pour être accessible, et en ce sens, il reflète ses valeurs personnelles qui sont « enthousiasme, bon sens et discipline », comme il aime à le rappeler en introduction.
  • Parce qu’il contient quelques bons enseignements. Abécédaire oblige, je suis allé directement au C de Client puis au R de Relation client pour lire les trop modestes – et convenues – lignes. Un peu déçu par ces entrées, j’ai repris ma lecture jusqu’au M de Merci pour y découvrir une approche plus intéressante (que j’aurais volontiers ajouté à mon livre qui vient de sortir Merci, petites et grandes histoires de l’expression de la gratitude). Voilà le texte de cette entrée : « Sans doute un des mots les plus importants en management et pourtant si peu prononcé. Quand avez-vous dit merci pour la dernière fois dans votre entreprise ? Les bons leaders ne s’en privent pas. MERCI est aussi l’acronyme de Montrer l’exemple, Ecouter, Reconnaître les efforts. Confier les responsabilités. Informer. Autant de missions de base du manager qu’il retient aussi facilement. » On comprend que le thème de l’abécédaire est plutôt tourné vers le management et les bonnes recettes de l’auteur, comme le laisse deviner le sous-titre « Des clés pour réussir de A à Z ». C’est donc sous cet angle qu’il faut chercher l’orientation client du patron de la coopérative U. C comme Contexte lui permet de rappeler que « L’expérience client sera fondamentale à l’avenir ». J’y connecte volontiers son D comme Détail dans lequel il écrit « Un de mes mots préférés ! Car le commerce est fait de détails, le succès d’une entreprise est la compilation de détails bien gérés, la vie est pleine de détails. Et un détail peut changer une vie. » D comme Doute nous rappelle avec justesse les questions à se poser dans les situations de doute dont la première est : « Qu’est-ce qui est bon pour mes clients ? ». T comme Terrain lui fait dire que « Dès que l’entreprise s’éloigne trop du terrain, c’est à dire de ses clients, elle se perd. Seuls les projets connectés aux réalités du quotidien des clients ont du sens. ». P comme Première et dernière impression offre un point de vue original : « Toute entreprise doit scrupuleusement soigner son premier et son dernier contact avec chacun de ses clients, car il va conditionner un ingrédient crucial de la réussite : la fidélité. C’est pourquoi, par exemple, il ne faut pas hésiter à appeler les hôtesses d’accueil et les standardistes des « directrices de la première impression » et les hôtesses de caisse les « directrices de la dernière impression ». La mission de ces collaborateurs dans l’entreprise est fondamental. » (j’ai pu le constater dans le magasin U à Caumont-sur-Durance dont je suis un fidèle client). J’aime beaucoup ces lettres bien choisies et bien écrites dans un langage simple, j’ai appris de nombreuses choses. Mais j’ai aussi relevé des paradoxes dans les propos de l’auteur qui ne sont pas sans me rappeler la culture des entreprises de son secteur (peu d’études sur les attentes des clients, vigilance sur la réputation, sentiment de bien connaître le client). Je me suis étranglé en lisant le E pour Etudes Clients : « Les clients veulent toujours le meilleur produit au meilleur prix avec le meilleur service. Leur capacité de créativité est limitée. », une bien étrange posture pour une personne qui dit quelques pages plus tard au O de Opinion : « (…) Certains ne le prennent pas au sérieux. Il bouleverse pourtant bien des rapports de force ». Je ne classe pas pour autant le PDG de la Coopérative U dans la catégorie de ceux qui n’ont pas le sens du client (cf le paragraphe précédent). Il cite Apple, ce qui n’est pas sans me faire penser à un de mes anciens billets Steve Jobs, l’homme qui n’écoutait pas ses clients. Je suis le premier à dire que les clients n’ont pas toujours les meilleures idées et que les entreprises doivent faire preuve d’innovation. C’est le choix de ce point de vue dans l’entrée Etudes clients qui me choque.
  • Parce qu’il lève le voile sur quelques routines personnelles. On comprend que le PDG de la Coopérative U ne passe pas trop de temps à suivre l’actualité, qu’il est très organisé dans son agenda et dans son carnet d’adresses, que son bureau est vide de tout dossier le soir, qu’il se fait coacher ponctuellement, qu’il pratique la méditation, qu’il aime les livres, les œuvres d’art et les dictionnaires, qu’il a toujours un carnet de notes sur lui, qu’il est un fervent utilisateur de Microsoft OneNote et qu’il aime naturellement le « management par la promenade », au contact du terrain. On comprend mieux le sens et l’orientation sur le thème du management du livre en lisant le E de Entreprise : « (…) les 3 critères privilégiés pour étudier le potentiel de succès d’une entreprise sont : son management, son management et son management. »
  • Parce qu’il nous invite à l’action. On comprend par les nombreuses entrées que Dominique Schelcher se réalise dans l’action, dans le mouvement, l’effort. Il reconnait qu’il faut être plus malin pour grandir, plus rapide pour gagner, plus agile pour progresser, plus courageux pour manager. A l’image de son secteur d’activité, à savoir la grande distribution, on est dans le concret, dans le quotidien, dans l’action/réaction oserais-je dire. La preuve dans le C pour Caserne des pompiers : « Dans toute entreprise, on devrait appliquer le principe de la caserne des pompiers. Quoiqu’il fasse, quand sonne la sirène, le pompier abandonne sa tâche et part au secours de ceux qui en ont besoin. » On comprend mieux la posture de l’auteur faite d’humilité et d’aspiration au calme et au recul…

Je terminerais ma chronique avec une citation d’André Malraux au E de Expériences : « Transformer son expérience en conscience », en écho à celle de Jean-René Huguenin : « La seule règle absolue est de s’ajouter tout ce qu’on fait ». Ce n’est pas un hasard si cette dernière est relevée deux fois dans le livre. Dominique Schelcher doit être convaincu que l’expérience devient un savoir, une sagesse. Son idée, au final, est que chaque action, chaque choix que nous faisons contribue à notre construction personnelle. Chacune des entrées de son abécédaire finit par le définir. Et en somme, ça doit être un bon patron !

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1150ème billet signé Thierry Spencer, conférencier, créateur du blog Sens du client, consultant et co-fondateur de KPAM Next, auteur du récent livre « Merci, petites et grandes histoires de l’expression de la gratitude« .

Mon livre blanc des tendances client 2025 qui vient de sortir est en téléchargement gratuit en suivant ce lien.