J’adore la chanteuse Polly Jean Harvey (ci-dessus). En passant à la FNAC je suis allé vérifier à tout hasard si son dernier album était sorti. Rien de neuf, il sort dans quinze jours et son prix sera de 16,5 euros.
Clac clac clac clac… En faisant défiler et claquer sous mes doigts les boites de plastique dans le bac avec l’oeil de l’expert qui connait toutes les pochettes, je suis tombé sur son album « Stories from the city, stories from the sea » à 6,99 euros. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire une photo pour vous faire partager ce qui a provoqué chez moi à la fois un grand sourire et un mélange de ressentiment et d’amertume.

Sur la boite de cet album un autocollant rouge est posé (voir photo) et on peut y lire « première fois à un prix aussi bas » (sic). De toute mon expérience de marketer dans la distribution, je n’ai jamais osé aller aussi loin dans le surréalisme promotionnel. Vous me direz, c’est drôle…
Pour la première fois donc, une remise aussi forte serait faite sur cet album. Je dois comprendre que ce disque a été à l’abri depuis sa sortie en 2000 de toute remise et autre offre spéciale. Le sticker semble me dire « tu ferais bien de l’acheter car tous ceux qui ont payé au moins quinze euros depuis quelques années te donneraient le même conseil. On a discompté à 6,99 et je pense qu’on ne descendra pas plus bas ! (enfin on verra bien…). »
Le problème c’est que ça ne sera pas la dernière. L’autre problème c’est que PJ Harvey ne vend pas des millions d’albums en France et ceux qui l’achètent voient bien les prix qui chutent et les autocollants surréalistes qui fleurissent.
Comment voulez-vous que je paye 16,5 euros dans quinze jours sans avoir un sentiment de me faire voler ? Que signifie un prix pour le disque maintenant ? La musique vaut-elle quelque chose ?
Pour le malheureux client de base comme moi qui achète ses disques ou télécharge ses morceaux préférés (en les payant car j’ai des principes), le prix du disque ne veut plus rien dire et la position adoptée par les principales maisons de disque n’a aucun sens. La vague déferlante de dématérialisation et de téléchargement illégal a déjà noyé les industriels et semble leur avoir fait passer le goût de la créativité marketing. Mis à part le coffret Mozart l’année dernière, je ne vois que des promos à n’en plus finir et des rayons dans les magasins qui se réduisent comme peau de chagrin. Pour couronner le tout, au moment où j’écris cet article, je surfe sur le site de la FNAC et je découvre une offre adhérents valable du 7 au 9 septembre : pour deux CD achetés 10 euros en bon de réduction.
Face à un marché en déliquescence, je ne vois que des réponses inappropriées. Créativité marketing zéro, tout le monde baisse les bras et la spirale du prix bas affublé de son sticker débile l’emporte.

Le résultat est que le client est paralysé au moment d’acheter.
Et visiblement je ne suis pas le seul : les chiffres du marché du disque en France au premier trimestre 2007 sont éloquents : -64% sur les ventes de singles, -25% sur les ventes d’album. Si on se compare au 1er trimestre 2003, le marché a perdu 94 millions d’euros de chiffre d’affaires (HT et net de retour) ! Source : SNEP

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