Ma sélection de livres à destination des professionnels de l'expérience client et de la relation client est généralement composée d'ouvrages professionnels. Il m'est arrivé de faire quelques exceptions et j'en fais une autre aujourd'hui pour chroniquer un roman dont l'auteur est un professionnel de la relation client. Vous connaissez certainement François Julia qui figurait dans ma liste de l'équipe de France de la relation client en 2021 pour sa carrière au service du client passée dans plusieurs entreprises. Son expérience riche en relations se prolonge avec une nouvelle aventure, celle de romancier. Chroniquer son premier roman est ma contribution à sa motivation, une façon de vous inviter à changer de vie pour explorer vos passions.
Je suis très admiratif des gens qui suivent leur rêve et qui changent de métier. François Julia en fait partie. Lorsqu'il m'annonce en juin dernier, avec son œil rieur et sa voix posée qu'il va publier son premier roman, je m'enflamme et je lui promets d'être son lecteur. Je me réjouis alors par avance de découvrir cette histoire avec la curiosité qui anime celui qui lit la production d'une personne qu'il connait, l'excitation d'un lecteur qui veut encore mieux le connaître. Je n'ai jamais échangé avec François que sur des sujets très convenus, nous parlions de notre passion commune qui est le service au client. Lire sa prose est un tout autre exercice car on ne peut pas s'empêcher d'y chercher des traces personnelles, des liens avec ce qu'on sait de l'auteur, des révélations sur sa pensée intime, des éclairages sur ses tourments.
Ce que le roman révèle de l'auteur en l'occurrence, c'est la passion de l'introspection, la pratique de ce que je nomme l'archéologie du moi. Son personnage est certainement un de ces professionnels qu'il a du croiser dans ses expériences, un homme qu'on a du mal à aimer tant il se comporte mal avec son entourage professionnel, un de ces collègues qui vous marque par sa capacité à calculer les relations, un cynique détestable. François Julia s'impose comme le narrateur omniscient de cette aventure et entreprend une radiographie, pour ne pas dire un scanner du cerveau de Yann. L'exercice est ambitieux, il est rendu ardu par le choix de paragraphes longs et denses qui font penser à une écriture intuitive presque automatique (Comme Ariane qui prend son bain dans Belle du Seigneur, pour celles et ceux qui connaissent ce roman qui est mon préféré). François Julia veut nous faire vivre le tourment de son personnage, ses pensées contradictoires, ses souffrances. C'est dans ces moments que je retrouve l'auteur tel que je le connais : un fin observateur des relations, un homme plein d'empathie. François Julia nous installe dans la voiture de Yann et nous fait éprouver ce qu'il éprouve. Il y ajoute une playlist adaptée, comme pour mieux nous immerger dans l'univers de son personnage (Je me suis mis à noter les morceaux que je ne connaissais pas avant de découvrir que François Julia avait fait la liste à la fin de son roman !). L'auteur touche juste en installant cette véritable tempête sous un crâne, pour reprendre la formule de Victor Hugo, dans l'espace réduit d'une voiture en mouvement. C'est dans ces moments que je suis touché par les mots de François Julia car j'ai vécu moi-même des moments d'introspection en me rendant au bureau dans mon véhicule, des moments de doutes, parfois douloureux. N'est-ce pas votre cas ? Dans ces moments, je me sens proche du personnage par la plume de l'auteur. François Julia creuse profond, décortique mais ne nomme pas (ou à peine) cette tranche de vie par les mots dépression ou burn-out. Il nous installe dans le cerveau de Yann et nous le fait explorer.
J'ai eu la sensation en refermant le livre que François Julia ne voulait pas juger son pitoyable personnage, comme s'il nous laissait avec les scanners en main, son analyse faite sans conclusion. Alors, est-ce un salaud ? Est-ce un homme perdu qui mérite notre compassion ? Est-ce une victime ? Est-ce un bourreau ? J'ai l'impression qu'il nous dit "A vous de me dire maintenant que vous savez tout".
François Julia vous invite à replonger dans la galerie de collègues détestables du passé ou du présent, et nous apprend à les comprendre, nous invite à imaginer les raisons de leur comportement. Un peu comme Kirikou dans le dessin animé qui se demande pourquoi la sorcière est si méchante et finit par découvrir la source de ses tourments. De même, on imagine dans le métier (passé) de François Julia qui est aussi le vôtre, car vous lisez ce blog, qu'il faut de l'empathie pour soigner ses clients et vivre mieux avec ses collègues. François Julia veut comprendre, il trouve et nous révèle dans une fin étonnante que chacun à ses mensonges, ses faiblesses et ses renoncements. Nous voyons passer des Yann sur notre chemin, et souvent nous sommes face à des énigmes. Yann comme collègue, Yann comme client. Yann roule et François Julia ne le laisse pas partir sans nous avoir invité à le comprendre, à défaut de lui pardonner.
J'espère que cette chronique vous donnera envie de soutenir François Julia et tous vos collègues, amis, proches qui veulent changer de vie et pourquoi pas tenter l'aventure de devenir écrivain !
Il vous faudra environ 4 heures pour lire le premier roman de François Julia, soit le temps de trajet en train entre Paris et Bayonne. Pour le commander, suivez ce lien.
1082ème billet signé Thierry Spencer, conférencier, créateur du blog Sens du client, co-fondateur de KPAM Next.
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