26 janvier 2008

Le client mercantile

Il fut un temps bien lointain –deux ans pour être précis- lorsque je poussais des cris d’orfraie à la vue des invitations à revendre ses cadeaux de Noël sur internet. Je pensais à l’époque dans ma grande naïveté que le bon goût l’emporterait sur l’appât du gain. (Lire mon billet de l’époque intitulé Le cadeau qui sent le sapin.).
Je lis dans la Tribune et dans le Monde cette semaine un article sur les résultats de l’e-commerce en France en 2007. On y apprend que le chiffre d’affaires dans cette catégorie (où l’on dénombre 36900 sites marchands) a augmenté de 35% versus 2006 pour un total de plus de 16 milliards d’euros et 180 millions de transactions. Un français sur trois est cyberacheteur.
Une des explications de la journaliste Nathalie Brafman est que la perspective d’augmenter son pouvoir d’achat est le premier moteur de cette croissance. Elle illustre son propos dans son article par une déclaration de Pierre Kosciusko-Morizet du site Priceminister que je cite ici : «Chaque année, nos clients vendeurs augmentent de 50%. C’est la preuve qu’ils cherchent à augmenter leur pouvoir d’achat».
Mais pour revenir à mon sujet, j’apprends dans Le Monde que le thème développé en 2001 « devenez radin ! » (cf photo illustrant ce billet) avait été abandonné car «les gens étaient choqués». C’est la même indignation qui me poussait il y a deux ans à dire que les méthodes étaient discutables concernant les cadeaux de Noël.
D’après une étude de priceminister « 80% des gens ne sont pas gênés à l’idée de recevoir en cadeau un produit d’occasion et 63% sont prêts à en offrir ». Ces chiffres sont bien sûrs issus d’un site dont la promesse est uniquement sur ce sujet, il n’en demeure pas moins que les sites marchands français sont devenus d’immenses braderies permanentes dans lesquelles le prix est un des arguments principaux.
Le boom du e-commerce en France a bien été porté par cette tendance à la recherche permanente de la bonne affaire Le client français a donc bien changé en l’espace de quelques années et il faut compter aujourd’hui avec le fait qu’il assume totalement et se sent même valorisé lorsqu’il paye moins cher. Il est mercantile au sens propre, guidé par son seul intérêt financier, et on aurait du mal à lui reprocher étant donné que les relations qu’on entretient avec lui sont davantage transactionnelles.

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