Commencons par "Savoir acheter" dont on nous dit qu'il "contient des encadrés qui aident à faire la part du vrai et du faux sur les labels, les normes, les pictogrammes, etc. et à démêler les informations scientifiques du discours marketing." Le bandeau papier ajouté à la couverture fait penser que le consommateur n'est pas suffisamment informé sur ce qu'il achète. C'est assez soft.
Deuxième livre, Souriez, vous êtes ciblés "La grande manipulation des consommateurs" de Viviane Mahler, auteur qui n'y va pas avec le dos de la cuillère dans sa présentation :
"Dès le sein maternel, le marketing nous suit à la trace et ne nous lâche plus. Tous les moyens sont bons pour capter notre attention, viser le moindre de nos points faibles et susciter de nouvelles envies. La pub se glisse en douce là où on ne l'attend pas et investit internet et téléphones portables. Les marques cultivent l'intimité émotionnelle pour exercer leur influence et nous " évangéliser ". Le marketing se décline sur tous les modes : buzz, people, viral, furtif, communautaire ou sensoriel... jusqu'au guerilla marketing utilisé à l'occasion. Avec ce livre qui fait froid dans le dos, Viviane Mahler dévoile les nouveaux ressorts de la publicité et du marketing, ces armes insidieuses qui prennent pour cible les consommateurs." Il faut reconnaitre, c'est du brutal...
Le troisième livre est signé du Président de l'UFC-Que choisir, Alain Bazot et il s'intitule "Consommateur si tu savais" . Je vous laisse lire sa présentation : "Comment les banques ligotent à vie le consommateur ? Comment les opérateurs de mobiles organisent une fausse concurrence ? Comment l'agroalimentaire n'alimente qu'un marché de dupes ? Comment la liberté de choix n'en a que les apparences ? Comment le consommateur peut-il décoder une information qui crée de la confusion sur les contrats de vente et les étiquettes ? Que valent réellement les biens et services que nous consommons : juste prix ou vaste arnaque ? Comment le consommateur peut lutter pour exiger plus de transparence et de rigueur de la part de prestataires qui tondent le mouton citoyen en toute saison ? Comment enfin réajuster les rapports de force à son profit ?"
Si l'on s'en tient effectivement au titre et à la présentation de ces livres (qui expriment leur "positionnement"), on ne peut qu'y voir la simple illustration de la théorie du complot. Il n'y aurait que de vilaines entreprises machiavéliques et des consommateurs victimes d'un méchant système, aveuglés par le marketing. La vérité est ailleurs !
Or, si ces auteurs ont cédé aux sirènes du marketing pour le coup -dans le sens où leur présentation est très accrocheuse- il n'en va pas de même en lisant le contenu du livre d'au moins un. Je veux parler du livre d'Alain Bazot qui est vraiment excellent et offre une hauteur de vue intéressantes sur les rapports entre consommateurs et entreprises. Les reflexions philosophiques s'y mèlent aux exemples les plus concrets. Je vous invite à le lire d'un oeil attentif, muni de vos post-it pour marquer les pages intéressantes. L'ouvrage n'est pas facile à lire, et c'est tant mieux car le sujet mérite cette ambition.
Je ne peux que me réjouir de voir monter en puissance les mouvements, idées, livres et débats à propos de la consommation et des consommateurs. En revanche, je hais les vieux antagonismes poussiéreux rallumés par les militants qui défendent des positions extrêmes et manichéennes. De la même manière, les positions ultra-libérales deviennent insupportables lorsqu'elles sont teintées de cynisme et de lâcheté.
J'ai le sentiment aujourd'hui que nous sommes encore en France dans une logique de conflit et pas d'échange ou de partenariat entre les ONG qui représentent les consommateurs, les pouvoirs publics et les entreprises.
Je formule le voeu que, pour le bien du client (ie des individus), les grands acteurs communiquent davantage sans à-priori idéologique pour les ONG et sans cynisme pour les entreprises. Des ONG plus fortes et plus au fait de la logique du marché d'un côté, et des entreprises plus connectés aux vrais besoins du client et moins désireuses de développer des profits à très court terme. C'est à mon sens la seule voie possible pour faire évoluer notre société.
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