J’ai rencontré il y a peu un homme mystérieux dans sa robe de bure qui m’a remis ce billet que je publie aujourd’hui, au risque d’être taxé de prosélytisme :
Il y a quelques années, quand Apple était au plus bas, le journal Wired fit paraître une couverture avec ce simple mot : Priez.
Apple sait organiser des « grands messes », et le président d’Apple, Steve Jobs prêche tous les ans la bonne parole dans une conférence qui est vue par des milliers de fans La marque parle de ses plus grands fans comme de véritables « brand evangelists », qui portent la bonne parole à travers le monde, et il est frappant de constater que sa dernière boutique à New York est un peu construite comme un temple.
Il n’est évidemment pas question de prétendre que les marques se substituent à la religion, mais de constater que la religion est une analogie riche pour décoder le fonctionnement de certaines marques « cultes », telle que Ikea, Volkswagen, Harley Davidson, Vans, Linux.
Ces marques partagent quatre caractéristiques :
1) Une offre large que fédère un « style de vie » alternatif précisément défini. La Beetle de Volkswagen a été l’un des plus forts icones du mouvement Beatnik, ce qui explique sa résonnance aujourd’hui (aux USA, lors du lancement de la new Beetle, l’une des affiches avait la phrase suivante : « If you sold your soul in the 80’s, here’s your chance to buy it back. »).
2) Des produits originaux, à même de créer chez les clients une relation passionnelle (des gens se font tatouer la marque Harley Davidson).
3) Une vision militante de son marché, et une idée qu’elles défendent et qui est impliquante pour leurs clients. Ikea combat une vision statutaire et statique du mobilier, et cherche à créer un monde meilleur dans lequel les meubles sont pensés autour des besoins et des désirs des gens (d’où leur campagne politique).
4) Enfin, la capacité à créer et entretenir un sentiment de communauté très fort chez leurs clients (toutes ces marques donnent à leurs clients des moyens de se rencontrer, d’échanger, voire de coopérer).
C’est d’ailleurs le plus fascinant chez elles : comme dans toute religion, le sentiment de «communier», d’appartenir à un groupe qui partage les mêmes valeurs est central.