22 mai 2006

Le cinéma et le sens du client

Le 18 août 2006 prochain aurait du sortir le film "Pacific Air flight 121" avec Samuel L. Jackson, un film d'action mettant en scène un homme qui veut tuer un témoin génant à bord d'un avion à l'aide de serpents vénimeux (un programme sympathique). "Pacific Air Flight 121" laissera la place en tant que titre à Snakes on a plane sous la pression des premiers fans et de Samuel L. Jakson lui-même. Le film, en cours de production, a déchainé les passions sur internet, au point de créer un nombre incalculable de messages sur des blogs et de parodies du film. Les producteurs (New Line cinema), conscients du phénomène et du potentiel de buzz du film, se sont inspiré des sites perso des internautes et ont convoqué à nouveau l'équipe du film en mars dernier pour tourner de nouveaux plans pendant 5 jours. Parmi les nouvelles scènes suggérées par les internautes, Samuel L. Jackson devra jouer la réplique inventée par les futurs spectateurs les plus créatifs (qui ont fait des bandes-annonces parodiques) : "I want these motherf****** snakes off this motherf****** plane" (un peu de poésie en somme).
Dans une autre catégorie, George Lucas, le créateur de la saga Star Wars, a cédé à la pression des fans en sortant en septembre prochain un coffret de DVD "unaltered" présentant les épisodes IV, V et VI tels qu'ils étaient lors de leur sortie au cinéma à l'époque. Des pétitions ont circulé sur internet (et je dois avouer en avoir signé une) pour rendre aux fans les versions d'origine sans les ajouts inutiles des "special editions" aux yeux des puristes.
Quelle licence mondiale, quelle marque, quel distributeur est capable de changer son produit pour l'adapter au client aujourd'hui avant qu'il ne sorte ? On se souvient de Coca Cola il y a quelques années qui cédait à la pression des clients et maintenait sa version d'origine en rayon aux Etats-unis en la nommant "Coca Cola Classic", mais ce changement fut plutôt bien orchestré.
Les producteurs de "Snakes on a plane" n'imaginaient pas faire de leur film une oeuvre customisée à ce point, et George Lucas jurait sur la tête de ses trois enfants que les versions d'origine des films ne sortiraient jamais des archives de Lucasfilm.
Voilà deux beaux exemples du nouveau pouvoir des clients (et de la puissance de leur porte-voix internet) qui participent à la création d'un produit ou bien à la sortie d'un ancien.
On pourra les taxer de cynisme et d'opportunisme mais en attendant, je fais le pari que la sortie du film avec Samuel L. Jackson et du coffet de DVD Star Wars seront rentables.

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