Je ne décolère pas à la sortie d’une salle de cinéma, lorsque j’ai vu un film en 3D et que mon expérience est vraiment décevante. Je ne connais pas une seule personne autour de moi m’ayant dit « j’ai vraiment adoré tous les films en 3D que j’ai vu et j’ai passé un bon moment à chaque fois ».
Ce cher vieux Martin Scorsese en illustration de ce billet a beau se faire le nouveau chantre de la 3D depuis son récent film Hugo Cabret, je ne démords pas et propose de faire correspondre au D de 3D les mots suivants :
D comme Dépense.
Il faut compter parfois jusque 4 euros (supplément billet+lunettes), soit près de 20% à 30% d’une place de cinéma pour voir un film en 3D. Quand les studios refusent de financer le surcoût, c’est aux distributeurs d’en assumer la charge. Le supplément est intégré au prix du billet. Vient ensuite le coût de la paire de lunettes, en location ou à l’achat.
Le spectateur est pris en otage : billet plus cher, coût des lunettes et dans l’immense majorité des cas, pas de choix entre une séance 2D et une séance 3D lors de la sortie et généralement la même paire pour tous, enfant ou adulte, que vous portiez des lunettes ou non.
Pas d’autre choix que l’offre premium !
D comme Déception
Ne vous est-il pas arrivé de vous dire, après avoir chaussé 2 heures une paire de lunettes inconfortables que les meilleurs effets 3D étaient pendant les publicités (Haribo ou Oasis pour ne citer qu’elles).
Parce qu’il faut bien l’avouer, les films qui ne sont pas conçus en 3D dès le scénario et le tournage ne sont que déception.
Et la majorité des films en 3D sont tous dans ce cas.
La 3D ne date pas d’hier. Conçue au départ (on appelait ça « relief ») pour distinguer un film d’horreur (L’étrange créature du lac noir) ou permettre à un réalisateur de talent comme Hitchcock (Le crime était presque parfait) de faire vivre une expérience extraordinaire, elle est revenue ces dernières années avec l’avènement du numérique pour se distinguer du film à la maison (gratuit en téléchargement illégal, en VOD ou en meilleure qualité en Bluray).
Mis à part dans une séance en IMAX (avec un supplément de 5 euros tout de même), je n’ai jamais entendu de « wahou » dans la salle. Avatar, conçu pour la 3D, a fait naître des attentes chez les spectateurs et germer des idées chez les plus malins (cf la sortie de l’épisode 1 de Star Wars dont mon ami Bertrand a fait un fidèle compte rendu).
Ne reste plus qu’à attendre des évolutions de la technologie (avec des lunettes universelles et la 3D à la maison).
D comme défiance
A vouloir faire passer un film 2D en film 3D, ou bien en réalisant des films qui ne sont pas pensé avec la 3D dès le départ, avec la promesse d’une meilleure expérience, on fait des légions de clients frustrés et qui finissent par ne plus croire dans les promesses qu’on peut leur faire.
D’une manière générale en marketing, toutes les initiatives cyniques, visant à un profit immédiat en faisant payer le client -ici le spectateur- génèrent non seulement de la déception mais aussi de la défiance.
La 3D, qui commence à connaitre ses premiers revers commerciaux, n’a d’avenir que si elle est associée à un spectacle conçu pour cette technologie.C’est une bonne illustration d’un marché ou d’une offre qui se positionne sur un premium sans tenir ses promesses.
L’avantage -si je puis dire-, c’est qu’on ne peut blâmer aucune marque identifiée, coupable de cette trahison du client, mais le marché de la 3D tout entier pourrait en souffrir et les exploitants pourraient ne pas se montrer si enthousiastes à proposer des films 3D et vendre leurs lunettes, sans proposer une projection en 2D.
Il faut s’attendre à entendre encore la lithanie « Tout ça c’est du marketing ! », et nous n’aurons plus qu’à prendre notre double paire de rames pour leur faire préciser « tu veux dire du mauvais marketing ? »
Billet écrit par Thierry Spencer du blog Sens du client, le blog des professionnels de la relation client et du marketing client.