12 février 2006

L'alter-client contre le "client qui pue"

Pour l'ouverture des soldes en France, le groupe UMP "Utiliser des Mômes Pue" accompagné d'un membre de la BAC "brigade activiste des clowns" et des "dégonflés" (qui s'étaient illustrés par leur action sur les pneus de 4x4 dans Paris) ont laissé des boules puantes dans les magasins H&M et GAP avec quelques messages bien sentis sur l'exploitation des enfants par les fabriquants de produits textiles, tels que «Pour avoir des prix les plus bas, les enseignes accentuent la pression sur les sous-traitants. Au final, l’espérance de vie des ouvriers baisse. Les clients sont complices en voulant changer de jeans dix fois par an».
L'action non violente, teintée d'humour potache et de gauchisme bon enfant revendiqué, est à nouveau très significative des sujets dont on s'empare et dont on se fait l'écho en ce moment.
Un blog http://liberezlesenfants.blogspot.com/, quelques boules puantes et hop, on passe à la télé chez Ruquier !
Un bel écho pour une petite goutte d'altermondialisme provoquante. J'ai le sentiment que nos jeunes amis découvrent le monde tel qu'ils ne veulent plus le vivre. En lisant les messages publiés sur ce fameux blog, je vois que le sujet emballe tout le monde et surtout de jeunes consommateurs. Que réclament-ils ? Plus de boules puantes bien sûr mais aussi une action plus étendue et une prise de conscience de chacun. Or, la situation est bien plus complexe que ça.
Nos jeunes "alter-clients" prennent surtout conscience de leur totale et insupportable schizophrénie. Habillés eux-mêmes de vêtements fabriqués en Chine ou en Afrique du nord depuis des décennies dans des conditions opaques, nourris par le salaire de leurs parents souffrant de précarité pour cause de mondialisation, défendus par des syndicats qui défilent avec des banderolles rouges "made in China", leur pouvoir d'achat est réduit et ils achètent des produits moins chers. Une boucle infernale dont ils se demandent comment sortir. Il n'y a pas beaucoup de solutions à vrai dire. Idéalement qui devons-nous être ? Des femmes et des hommes éduqués (dans le sens "qui est allé à l'école assez longtemps"), des clients matures (dans le sens "je ne suis pas dupe des discours des entreprises") , des électeurs responsables (dans le sens "j'ai au moins ma carte d'électeur et je demande des comptes aux élus"), des actionnaires lucides (dans le sens "je ne joue pas en Bourse sans savoir à qui profite la spéculation") et enfin des salariés impliqués. Un salarié impliqué va agir au quotidien dans son entreprise et défendre ce nouveau sens du client qui consiste à réunir "l'alter-client" et le "client qui pue". Les entreprises qui émergeront seront certainement celles qui défendront la transparence et le langage de la vérité. Ca va pas être facile.
En attendant, une bonne vieille boule puante est la bienvenue si ça peut faire réflechir quelques milliers de clients et de marketers...

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