

«Ce n’est pas la société de consommation qui m’intéresse, mais le monde dans lequel on vit et quelle est la place de l’artiste, la place du spectateur aussi, enfin de chacun». J’avoue ne pas trop avoir saisi cette fulgurante -pour ne pas dire fumeuse- déclaration de l’artiste Matthieu Laurette(en photo dans sa sculpture de cire). Actuellement au Palais de Tokyo, le musée d’art moderne de la ville de Paris dans l’exposition « Notre histoire » (la scène artistique française émergente), il présente son installation « Moneyback life ». Collectionnant les offres de remboursement pendant 4 ans, son œuvre consistait –aussi- à se mettre en scène dans les journaux et à la télévision en racontant son histoire (les émissions les plus stupides et les journaux les plus naïfs s’en sont fait l’écho). Il la résume ainsi : « Comment je vivais avec des produits remboursés ».
Cette exposition me laisse sans voix mais me fait penser au thème de la gratuité, et cette semaine en kiosque, j’ai lu le dernier numéro de Courrier international sur la gratuité (couverture en photo) et entendu les débats à l’Assemblée nationale sur le téléchargement en ligne.
Un sujet qui passionne nombre d’entreprises et interroge notre bon vieux client.
Presse gratuite (Métro,…), logiciels gratuits, informations en ligne gratuites (Wikipédia…), culture gratuite…
Pendant que tout le monde se prend la tête, le client télécharge des milliers de morceaux de musique, lis les nouvelles gratuites chaque matin et surfe sur le web.
Qu’est-ce que ça change ? La radio ne diffuse t’elle pas des informations gratuites depuis toujours ? N'avons-nous pas fait des copies de 33 tours sur cassettes magnétiques ? La grande différence est la publicité qu’on en fait, les moyens d’accès plus aisés et plus économiques (internet) et surtout le volume croissant de ces échanges virtuels. Le « marché » va bien se charger de réguler tout ça car quelqu’un doit bien payer à un moment ou à un autre : l’annonceur de radio ou de presse gratuite, le client et son abonnement haut débit et le client tout court. Comme le dit si justement Michael Shrage dans Courrier International il n’est question que de « subvention créative ». Nous n’assistons qu’à un mouvement en naissance qui est une espèce de fausse gratuité, médiatisée par le téléchargement illégal de musiques et de films sur internet. Notre économie de marché va se réguler bientôt sur ce sujet et la gratuité sera une simple composante de l’offre. Le client a bien du mal a se faire un avis : « tant que je gagne, je joue », c’est gratuit pour le moment ? J’en profite ! Au diable les conséquences économiques, les querelles d’expert et les débats sur les blogs ! Quand on lui demandera de payer pour un bon produit ou un bon service, il saura mettre la main au porte-monnaie.
3 commentaires:
Bonjour,
je te signale un livre très curieux, intéressant et atypique qui va dans le sens de ta note : "la gratuité ne vaut plus rien" de Denis Guedj. Ce livre reprend les chroniques mathématiciennes de l'auteur dans Libé.
Du même, le "théorème du perroquet", roman mathémathique (!), passionnant...
Henri
Le titre de mon message est en effet une référence à ce livre excellent. J'avais hésité à en faire mention dans le texte car j'ai déjà écrit beaucoup de choses et son livre ne concerne pas que le client... Mais voilà qui est réparé pour les internautes : merci Henri !
Le livre est disponible en poche Points Seuil à moins de 6 euros.
Il me semble que la gratuité est de fait une partie intégrante de l'offre depuis la "nouvelle économie". Toute entreprise (ou presque) dispose d'un accès gratuit à ses premiers services (ou un processus d'avant vente plus développé et qui va déjà assez loin, ...), gagne en image et confiance, collecte de l'information sur ses prospects / clients, puis leur donne envie "d'aller plus loin". Il me semble que le schéma est en voie d'acquisition ; ton article permet d'en prendre mieux conscience
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